"Je suis un peu las de l’uniformité et de la pauvreté de l’idéologie dominante. Il faut trop faire allégeance aux idées de gauche ou de droite et je me demande comment la réflexion d’hommes sensés, sages pourrait encore être exprimée avec talent certes mais sans détours ni animosité?
Comment pourrai-je réfléchir en toute liberté et quelles pourraient être mes sources concernant les sujets « brûlants » à court ou moyen terme et qui déterminent pourtant mon avenir ?
Dans le désert de l’information vraie noyée dans le fatras quotidien et de l’intoxication intellectuelle servie à outrance, j’aimerais entendre une pensée libre, authentique et non celle que j’entends à longueur de journée, celle que je sais asphyxiée par le poison de la décadence…
J’aimerais entendre un parler vrai en dépit des querelles gauloises et des questions de personnes, en dépit de l’action sournoise qui a pour vocation de m’imposer une “chapelle” ou un “clan”.
J’arrive tout doucement à la porte de la retraite, pour moi les jeux sont faits et je n’ai pas l’impression d’avoir encore un rôle influent à jouer, dans quelques années je serai mort, qui se souviendra de moi, mondialement connu dans ma rue ?
Les ennemis de la liberté d’expression sont des animaux enragés, ivres de haine ; plaintes, forfaitures, successions de jugements, de réquisitoires… n’aboutissent à aucun résultat de nature à changer la situation en mieux.
Les campagnes de presse, les insultes, les menaces, sont monnaie courante, Maurice à raison, ses observations sont justes et fondées, notre société est très malade. Il reprend :
"Je rencontre dans l’usine où je travaille de moins en moins de solidarité et toutes les actions de grève engagées ces derniers temps, n’ont abouti à rien, seuls ceux qui ont une vraie puissance de nuire obtiennent un résultat. J’aimerai être anticonformiste jusqu’à la provocation face à la banalité triomphante, à la vulgarité régnante. Je crois fermement que la réalité de notre pays était celle des lendemains de la seconde guerre au moment de la reconstruction et des leçons à tirer, celle de la modestie et non pas celle présentée par nos gouvernants aujourd’hui faite d’exhibitionnisme, de faux problèmes qui cachent la réalité, celle-ci étant de surcroît rendue opaque par les médias.
Je vous avoue être mal à l’aise dans ce qui est encore mon pays!"
Nous sommes habitués à ce que dans la classe ouvrière les parents aspirent à d'autres professions "plus chics" pour leur progéniture. Or ce n'est pas du tout le souhait d'Hervé. En effet il désire voir son fils devenir... maçon et puisque c'est au pied du mur que l'on voit celui-ci, voyons ce qu'il a à nous dire...
- "Je vois trop souvent des parents obstinés poursuivre du vent.
Pousser sans sollicitude leurs rejetons vers des études qu’ils détestent et leur réclamer le bachot, passeport pour une intégration dans le monde qui n’a d’intelligent que le nom. Le monde des adultes.
Mais ces adolescents, que pourront-ils faire ?
L’un sans trop de succès cherchera du travail et cet autre le fuira comme un oiseau fuit un épouvantail, quant au meilleur chercheur, celui-ci se trouvera tout bête de ne pas avoir suivi le conseil du poète : « soyez plutôt maçon, pour gagner de l’argent, que professeur sans passion ou docteur indigent ».
Si nous observons l’offre et la demande, faisons une ample propagande pour abandonner ces tristes livres scolaires et remettre à l’honneur les métiers manuels.
Que leur reproche-t-on ? Les maçons sont si rentables et si demandés que chez eux le chômage, pour celui qui veut travailler, n’existe pas.
Mais maçon, ou plombier, est-ce un métier qui brille ?
Que diront les voisins ? Que dira la famille ?
Laissons dire, un jour ils verront bien qu’un artisan utile et ne manquant de rien, vaut mieux qu’un révolté plein d’orgueil et de rage, désargenté, sans métier, sans joie et surtout sans courage.
Si l’estime du monde est liée au savoir, rien n’empêche un maçon d’en avoir. Mon fils pourra dire, sans complexe, en construisant un mur : « Ô malheureux hommes prétentieux et suffisants, si seulement vous pourriez comprendre et goûter au bonheur simple du travail bien fait».
Peut-être, l’élève ambitieux perdra-t-il de sa superbe et pensera que manier l’outil est aussi valorisant que faire jongler les chiffres, les verbes et les mots. Un général n'a-t-il pas affirmé: "qu'il valait mieux que l'homme qui pousse le bouton déclenchant l'arme atomique devait être en bonne santé ?"
Quel plaisir ce sera alors d’enseigner et d’apprendre quand, par toute la terre, on voudra bien comprendre qu’un maçon peut avoir un esprit élevé et qu’un cultivateur peut être cultivé.
Hervé nous en bouche un coin si nous osons dire. Comme aucun de nous ne doit conduire, on va oser un petit cordial pour sceller de si bonnes paroles…
A suivre: l'ancien combattant...